Week-end de la fraternité – Témoignage de Jean-Marc

Week-end de la fraternité – Témoignage de Jean-Marc

Lors du week-end de la fraternité les 14 et 15 janvier, il y a eu différents témoignages pendant les messes.

Voici celui de Jean-Marc,  responsable de l’équipe du CCFD-Terre Solidaire de Garches Vaucresson, lors de la messe de  samedi 18h30 :
C’est un exercice inhabituel pour moi…

que de témoigner dans notre église du rapport du CCFD-Terre Solidaire à la fraternité, et de ce qui, à titre personnel, m’a poussé à m’y engager …

Tout d’abord, pourquoi le CCFD-Terre Solidaire, dont j’ai le plaisir et l’honneur d’animer l’équipe Garches-Vaucresson depuis 18 mois.

Le comité catholique contre la faim et pour le développement, puisque c’est ce que signifie CCFD, a été créé il y a plus de 60 ans, en 1961, par la Conférence des Evêques de France ; c’est une association reconnue d’utilité publique, qui constitue la première ONG française de développement. Elle regroupe 30 mouvements de laïcs et services d’Eglise, dont, parmi les plus connus, la JEC, la JOC, Pax Christi, les Scouts de France ou la Société Saint Vincent de Paul.

Depuis sa création, le CCFD Terre Solidaire mobilise la solidarité en France pour lutter contre la faim dans le monde et soutenir les projets de développement. Ces projets de développement sont conçus et mis en œuvre par des associations partenaires, nous en avons 485, dans 67 pays…qui soutiennent 580 projets bénéficiant directement à 2,4 millions de personnes.

En France, le CCFD est constitué autour d’équipes locales, telles que la nôtre, qui regroupent au total 7.000 bénévoles (ici, nous sommes une dizaine) et dont l’action est de trois ordres : recueillir des fonds pour soutenir les projets, dont je vous donnerai 3 exemples, sensibiliser le public aux grands enjeux de la planète qui peuvent avoir un impact sur les questions de développement, crise climatique, souveraineté alimentaire, par exemple, et mobiliser les citoyens si cela est nécessaire.

Trois exemples de projets soutenus par le CCFD, l’an passé :

  • la commission pastorale de la terre Araguaia Tocatins, au Brésil, qui soutient les paysans les plus démunis pour leur permettre de vivre dans des conditions dignes et d’avoir accès à la terre
  • le Réseau d’horticulteurs de la région de Kayes, au Mali, qui soutient plusieurs milliers d’horticulteurs et de maraîchers
  • Sunspirit for Justice and Peace, en Indonésie, qui accompagne la société civile dans la mise en place de projets de développement

Je termine là cette présentation du CCFD et je veux maintenant témoigner du pourquoi de cet engagement, à l’occasion de ce beau week-end de la fraternité.

Il y a évidemment plein de façons de s’engager et de faire vivre des chemins de fraternité ; ça peut être local, comme le font si bien nos amis du Secours catholique, de la Société Saint Vincent de Paul ou du Déjeuner du Frère, comme d’autres associations hors de la paroisse…ou même des particuliers, à titre individuel…

Et ce peut-être plus loin de chez soi.

A mes yeux, cela a la même valeur dès le moment qu’on le fait en vérité et avec le souci de servir…

Pourquoi avoir choisi cet engagement ?

Pour ce qui me concerne, j’y vois d’abord plusieurs raisons anciennes : une éducation reçue de parents très ouverts sur le monde et sur l’étranger, le scoutisme puis, notamment, un séjour dans la communauté œcuménique de Taizé avec ma future épouse, qui nous marqua très durablement.

Ce sont ensuite des études linguistiques et des fonctions professionnelles qui m’ont amené à avoir des responsabilités internationales, à beaucoup voyager – avant de se culpabiliser de trop prendre l’avion-, à découvrir les beautés de notre monde, à savourer la richesse des rencontres et de la diversité, mais aussi à mesurer les profondes injustices et inégalités qui, depuis toujours sans doute, parcourent et gangrènent notre planète.

C’est pour ces raisons que j’ai cherché à m’engager dans des actions davantage tournées vers l’international, vers l’étranger.

Pendant près de 20 ans, avec mon épouse et d’autres amis garchois – parfois présents à cette messe-, nous avons fait vivre une association locale de lutte contre la faim qui coopéra durant toute son existence avec un formidable groupe d’instituteurs indiens, de la caste des intouchables, chrétiens en l’occurrence, qui oeuvraient au développement des villages très pauvres de leur région du Tamil Nadu. On eut la chance d’y séjourner et de les accueillir ici à Garches, créant ainsi des liens très forts…

Le jour où l’action de cette association cessa, ce fut donc très naturellement que je décidais alors de me tourner vers le CCFD, où je trouvais ces valeurs de fraternité, de solidarité, que j’essaye de mettre au cœur de ma vie. Agir pour lutter contre des situations d’urgence, au premier rang desquelles la faim… mais aussi agir pour contribuer à l’élimination des causes de ces crises et de ces inégalités.

Et, pour moi, le fait que nous aidions des frères et des sœurs d’autres pays, d’autres races, d’autres religions est une grande source de joie. Cela n’est d’ailleurs pas parce qu’ils seraient chrétiens que je les aiderais ou que je les aurais aidés davantage, mais c’est parce que, moi, je suis chrétien, que je veux agir en leur faveur ou à leurs côtés. Si, ensuite, cela peut constituer une graine à mettre au crédit des chrétiens, tant mieux…mais ça n’est pas ce qui me guide en priorité.

Et, tout naturellement, cet engagement m’a amené à regarder aussi avec une affection particulière les étrangers qui vivent sur notre sol, sans sous-estimer les difficultés d’accueil et d’intégration…mais justement, pour essayer d’y remédier.

Et je voudrais citer très brièvement une petite anecdote vécue avec mon épouse, toujours elle, il y a quelques années. Un jour où nous pique-niquions au bord du Tarn, à Moissac, on rencontra de façon fortuite une réfugiée, seule sur un banc à côté de nous. On alla donc vers elle, on se présenta, elle s’appelait Amina, était somalienne ; on partagea notre pique-nique et on échangea brièvement. Elle nous dit qu’elle allait repartir le lendemain. On y pensa toute la soirée et on se décida, si elle ne savait pas où aller, de lui proposer de venir un temps chez nous. Le lendemain matin, on retourna à l’endroit où nous l’avions vue pour le lui proposer, mais on ne la retrouva pas…et ce fut pour nous une très grande peine, encore vivace quand nous y repensons. Mais cela nous poussa à créer ici une association pour l’accueil de réfugiés, qui n’eut hélas pas le succès escompté… faute de réfugiés !

Mes amis de l’équipe locale du CCFD-Terre Solidaire, de leur côté, ont tous leur propre histoire, des raisons personnelles de s’y être engagés, mais nous partageons tous cet engagement pour plus de justice et de solidarité qui, à nos yeux, prend racine dans l’Evangile et dans la pensée sociale de l’Eglise. Et, à cet égard, bien que blessés, comme nous tous j’imagine, par les épreuves douloureuses et choquantes que traverse actuellement notre Eglise, nous avons été très sensibles aux encycliques du pape Benoit XVI, l’Amour dans la Vérité, et du pape François, Laudato Si et Fratelli Tutti, où nous nous retrouvons pleinement.

Nous sommes tous frères, et nous habitons tous la même maison.

Il nous appartient, modestement, de mettre nos énergies et nos capacités en œuvre – et en commun- pour faire vivre cette fraternité enseignée par le Christ, localement comme globalement, et devenir ainsi, pour reprendre le beau terme utilisé par un ami, leader spirituel des indiens Ashaninka, en Amazonie, des éveilleurs de conscience et, j’ajouterai, d’être envers et contre tout des messagers d’espérance.

Jean Marc Mignon

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