Le Pardon comme guérison
Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.
Le choix de ce terme pour notre édito de cette semaine peut paraître inadapté aux lectures de ce dimanche et surtout aux différentes actualités qui meublent la vie de notre paroisse. Et pourtant, à y regarder de près, la question du pardon et de la réconciliation est au cœur de notre vie quotidienne et même d’actualité.
Comment prier et participer à l’Eucharistie avec le cœur alourdi de colère, comment aimer quand on a été victime des coups bas et des trahisons ? Il me semble que l’un des objectifs de notre édito est aussi de donner des clés de lecture pour vivre mieux et une parole de méditation sûre pour accompagner notre semaine. C’est à juste titre que nous avons choisi pour cette semaine, un thème catéchétique : « le pardon comme guérison ».
Le pardon est la rémission d’une faute, c’est-à-dire, le fait de tenir une offense pour nulle (et à l’excuser) et renoncer à en tirer vengeance. Comme pour la conversion, le pardon est essentiel au processus de réconciliation. La question qui se pose est peut-être celle de savoir pourquoi pardonner est-il nécessaire ? Pardonner est nécessaire au moins pour trois raisons. D’abord parce que, comme l’explique à juste titre la philosophe Hannah Arendt, le pardon est la seule issue possible face à l’irréparable (condition de l’homme moderne, 1961).
De toutes les façons, il faut bien rompre le cercle de violence entretenu par les rancœurs qui se transmettent d’une génération à une autre, sans jamais apporter ni l’apaisement ni la solution à un problème parfois dont plus personne ne se souvient plus des causes. Ensuite, parce que le pardon sert au bien-être physique, mental et émotif.
Le pardon est un moyen de se libérer soi-même de la haine, de la prison émotionnelle du ressentiment, dont les effets toxiques touchent en premier ceux qui les cultivent (cf Robert Enright, Il Perdono è una Scelta, 2011). Le pardon permet de vivre mieux (Olivier Clerc, Le don du Pardon, 2010). Qui n’a jamais été heureux avec un sentiment de rancœur ?
Enfin, parce que le pardon des autres est indispensable au pardon de Dieu. Nous disons bien lors de la prière du « Notre Père » : « Pardonne-nous nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés ».
Le pardon est aussi nécessaire parce que c’est en cohérence avec notre foi en un Dieu qui est « Miséricorde », qui pardonne toujours, et parce qu’à la fin il rend agréable notre prière à Dieu : « Dieu n’accepte pas le sacrifice des fauteurs de désunion, Il les renvoie de l’autel pour que d’abord ils se réconcilient avec leurs frères : Dieu veut être pacifié avec des prières de paix. La plus belle obligation pour Dieu est notre paix, notre concorde, l’unité dans le Père, le Fils et le Saint-Esprit, de tout le peuple fidèle », expliquait justement saint Cyprien
de Carthage (Dom. Orat. 23).
Pour le chrétien, le pardon n’est pas une option, mais une obligation.
C’est le chemin obligé pour amorcer une démarche de réconciliation et pour parvenir à cet état de manière solide et durable.
Puisse le Seigneur nous aider à devenir des artisans de miséricorde.
Père Serge Belinga
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