Compte-rendu de la Conférence du CCFD-Terre Solidaire du 11 janvier 2023 sur le thème « Crise climatique et Migrations »

Compte-rendu de la Conférence du CCFD-Terre Solidaire du 11 janvier 2023 sur le thème « Crise climatique et Migrations »

Compte-rendu de la Conférence du CCFD-Terre Solidaire du 11 janvier 2023 sur le thème « Crise climatique et Migrations », Garches.

Intervenants :

François Baudin, géologue, professeur d’université à la Sorbonne, diacre délégué à l’écologie pour le diocèse de Nanterre.

Bassirou Diarra, du Mali, ancien migrant en France et co-président du comité franco-malien sur l’immigration mis en place par les présidents Chirac et Konaré.

Animateur : Jean-Marc Mignon, responsable de l’équipe Garches-Vaucresson du CCFD-Terre Solidaire.

Au nom de l’équipe Garches Vaucresson du CCFD, Jean Marc Mignon accueille les participants, près de 55, dont les pères Antoine Loyer, curé de la paroisse Saint-Louis de Garches et Paul Delaunay, et deux élus locaux, Françoise Guyot, de Garches, et Xavier Brunschvicg, de Saint-Cloud.

Il rappelle ensuite succinctement ce qu’est le CCFD, détaillant son origine (la conférence des Evêques de France), ses objectifs de lutte contre la faim dans le monde et de soutien aux projets de développement dans 67 pays et donnant quelques chiffres essentiels.

Puis c’est autour de François Baudin de faire sa présentation en premier.

S’appuyant largement sur le dernier rapport du GIEC, l’orateur passe en revue les préoccupations essentielles, en s’appuyant sur des tableaux particulièrement instructifs :

  • La température à la surface du globe
  • Les projections du réchauffement futur du climat aux conséquences prévisibles et calculables.
  • La fonte des glaces continentales et le niveau des mers
  • Les précipitations et le taux d’humidité des sols
  • Les forêts
  • L’eau potable, à laquelle 1/3 de la population mondiale n’a pas accès et dont la consommation varie de 250 litres par jour pour un américain, à 150 litres pour un français et moins de 10 litres pour un africain
  • La biodiversité
  • Et enfin les impacts observés du changement climatique sur l’humanité, avec une vulnérabilité très haute sur l’Afrique.

Pour conclure son intervention, François Baudin estime qu’il y a nécessité d’une conversion urgente, et se réfère à l’appel à la conversion du pape François, avec son encyclique » Laudato Si ». Il exprime son vœu que l’on sache « passer d’une écologie de réparation à une écologie de fondation, d’une écologie de devoir à une écologie de désir ».

Puis c’est autour de Bassirou Diarra de prendre la parole.

Il rappelle tout d’abord que le CCFD intervient directement dans la région de Kayes, au Mali, d’où il vient.

Il souligne ensuite que, s’agissant du Mali, ils subissent les conséquences climatiques depuis longtemps, ce qui explique qu’il y ait une longue tradition migratoire ; cela a d’abord été une immigration transfrontalière et saisonnière, surtout vers la Côte d’Ivoire et le Sénégal, puis vers la France à partir des années 60. Aujourd’hui, le ministère en charge des Maliens de l’extérieur estime que ce sont 4 millions de maliens qui vivent hors du Mali.

Bassirou Diarra indique que près de 70 % des 3 à 400.000 maliens vivant et travaillant en France viennent de la région de Kayes, à l’ouest, car c’est une région enclavée, avec un climat aride et austère. Il note également une féminisation croissante de cette migration.

Il décrit ensuite les causes de cette immigration ; la misère ou la pauvreté, les guerres, les conflits communautaires et les violences, le dérèglement climatique (sécheresses récurrentes, inondations catastrophiques). Selon un rapport de la Banque mondiale datant de 2018, on considère qu’il pourrait y avoir 86 millions de déplacés climatiques en Afrique de l’Ouest d’ici 2050

Il rappelle que, face à tous cés défis, l’immigration reste pour beaucoup la seule solution, à la quête d’un mieux-être pour eux-mêmes comme pour leurs familles. Cela n’est bien sûr pas sans conséquences pour le pays d’origine, pour les villages qui se vident avec le départ des « bras valides ». Pour les candidats au départ, les risques sont aussi grands et on sait que les drames sont fréquents ; 300 maliens , surtout de 18 à 40 ans, auraient ainsi perdu la vie en tentant l’aventure.

Bassirou Diarra conclue son intervention en évoquant les solutions souhaitables, tant sur le plan humain que politique, et en écartant les mesures telles que la militarisation des frontières ou la construction de murs. N’oublions pas, dit-il, que les migrations sont d’abord inter-régionales, qu’elles peuvent aussi constituer un apport précieux pour les pays d’accueil. Mais il ne fait pas de doute que le développement des régions et pays d’origine reste la clé essentielle, sans sous-estimer l’apport financier des diasporas s’il est bien orienté.

Donner aux populations les moyens de vivre au pays et non de survivre, respecter les droits humains et développer les solidarités sont les pistes à suivre, conclut-il.

Questions et commentaires sont ensuite venus compléter la soirée.

Puis, enfin, Jean Marc Mignon a remercié les orateurs, la commune pour le prêt de la salle, la paroisse pour la promotion de la soirée, et il forme le vœu que cette soirée aura aidé chacun à se forger une opinion…et à soutenir le CCFD à l’avenir.

PS : les tableaux présentés par François Baudin et la conférence de Bassirou Diarra sont disponibles auprès de Jean-Marc Mignon : jmf.mignon@orange.fr

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